Monsieur le Ministre des Transports
           ARCHE SUD
          92055 La Défense Cedex

Objet : Transport fluvial

MONSIEUR LE MINISTRE,               

Notre association est de plus en plus souvent saisie de plaintes de mariniers qui ne peuvent plus assumer leur mission sans difficultés extrêmes, sans danger pour leur matériel et sans risques d'accepter un affrètement pour des destinations à infrastructure défaillante et non publiée.

La voie d'eau du réseau de navigation intérieure n'offre plus le tirant d'Eau minimum pour assurer le passage des bateaux au gabarit Freycinet faute d'entretien

 Les avis à la batellerie, qui permettraient au marinier de faire son choix de transport en toutes connaissances de causes sont pris trop tard après incident, blocage et réclamation du bateau en difficulté. Trop souvent aussi l'argument climatique est utilisé pour invoquer un cas de force majeur alors qu'à lui seul le mauvais entretien permanent est responsable des difficultés.

Les limitations annoncées ne tiennent pas compte de la réglementation de sécurité qui exige un pied pilote de 0,40 m entre le tirant d'eau autorisé et le fond du canal. Ainsi la normalité voudrait que la profondeur du réseau Freycinet avoisine 2,20 m ; Or le réseau officialise un tirant d'eau de 1,60m voir 1,40m sur certains tronçons et malgré cette limitation hors norme le bateau creuse son propre sillon.

 Les conséquences pour le marinier dans les cas les moins pénalisants sont une perte de charge d'au moins 50 tonnes équivalente à sa marge de rentabilité, le ralentissement du déplacement qui peut doubler le temps du transport et de ses heures de travail, le doublement de sa consommation, l'usure du bateau qui frotte le fond, le vieillissement des organes moteurs sollicités anormalement et finalement un surcoût de la prime d'assurance

 A ces contraintes matérielles qui conditionnent la rentabilité et la survie de la batellerie s'ajoutent la fatigue, la peur de l'incident, le stress de la mission à remplir dans des conditions incertaines.
 Car le marinier a une responsabilité de résultat.

 Cette responsabilité de résultat le place en porte à faux vis à vis de l'affréteur qui se retrouve lui-même confronté à acheminer le tonnage résiduel par un autre moyen de transport, généralement la route, plus chère, plus polluante et plus dangereuse, et qui se verra contraint à l'avenir à ne plus pouvoir proposer le transport fluvial.

 Le marinier, faute d'information pertinente, réelle, véridique, immédiate, facilement accessible et largement répandue ne peut prendre sa responsabilité en faisant son choix entre un transport normal et possible et un autre. Il devient l'otage d'un tronçon hors d'usage ou limité.

Le service public le place devant un défaut d'égalité.

 Le marinier paye de nouvelles redevances pour un service qui n'est plus rendu et une voie d'eau qui ne permet même plus la circulation selon les normes établies au 19^ème siècle.

Le dégrèvement devrait s'imposer.

 Notre association sera heureuse d'annoncer le soutient que vous voudrez bien apporter à Monsieur et Madame CANLER du bateau SINAÏ dans leur démarche courageuse responsable et citoyenne. La voie d'Eau doit revivre, renaître de son abandon, se développer et a besoin de professionnels qui gardent la foi.

Au nom de la Fédération des Associations et Usagers de la Voie d'Eau  et confiant dans les nouvelles orientations de votre ministère je vous prie, Monsieur le Ministre, de bien vouloir croire en mes très respectueux sentiments.

Le Président      
   Bernard KUNTZ  

Courriers de :
MM Paul CANLER Bateau SINAÏ à :
V.N.F Béthune,
V.N.F Nancy,
V.N.F Void-Vacon  

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Monsieur Gilles de ROBIEN
 Ministre de l'Équipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer

Par mél le 26 décembre 2003