
A
Myennes, de l’autoroute fluviale à l’autoroute de l’arbre, du fleuve au macadam, il n’y a qu’un pas, d’autant plus que le péage « par eau », présenté lors de cette nouvelle Rencontre, porte le même nom que son jeune cousin « par terre ».
|
Le rapprochement de ces deux voies de communication essentielles, en guise de clin d’œil, est tentant pour plusieurs raisons : paiement d’une taxe par « voiture » en fonction de leur taille, arrêt exigé à la barrière, affichage obligatoire des tarifs…
Mais le parallèle s’arrête là. Point de télé péage ni de paiement par carte pour les mariniers, qui devaient souvent prendre leur mal en patience et ce, tout au long de la rivière (il y aura plus d’une centaine de péages sur la Loire) ; point de beaux sourires non plus, d’une hôtesse accueillante, mais plutôt la méfiance et l’arrogance de fermiers tatillons et peu scrupuleux ; point enfin, de voies directes, balisées, dégagées et entretenues, au lieu de cela, des eaux encombrées (les voituriers par eau se partageaient le fleuve avec les pêcheurs, les meuniers avec leurs moulins pendus, les lavandières et leurs bateaux-lavoirs…), une route dangereuse et semée d’embûches (bancs de sable, souches, ponts, crues dévastatrices et entretien inexistant de la part des propriétaires des péages…).
Les exemptions sur les péages par eau (pour certaines marchandises, pour certains clients…) étaient nombreuses, mais elles ne compensaient pas, loin de là, leur extrême inégalité. Elles transformaient bien au contraire, la perception de ces taxes en un casse-tête incroyable où abus, filouteries, arnaques, absurdités et bien sûr procès n’étaient pas rares.
La Révolution fit voler en éclat ces privilèges injustifiables et d’un autre temps, que la « Communauté des marchands fréquentant la Loire et les rivières descendant en icelle » n’eut de cesse de combattre.
Les droits du péage de Myennes, octroyés à l’origine à une famille berrichonne par le Roi Charles VII (en 1438), seront plus tard concédés aux Religieuses de
l’Annonciade de Bourges. Ils étaient perçus dans « l’isle entre Cosne et Miennes ». |