L A SEINE n'est. plus un long fleuve tranquille pour ceux qui souhaitent
y jeter
l'ancre. Depuis quelques années, parallèlement à la flambée de l'immobilier, la liste des demandes
d'autorisation de mouillage des péniches en Île-de-France explose.
Sur les 3 000 kilomètres de berges du Bassin parisien gérées par Voies navigables de France
VNF) et le Port autonome de Paris. (PAP); 1 200 bateaux-logements sont stationnés, dont la moitié illégalement ou
ne répondant pas aux normes de sécurité.«Faute d'emplacements, bon nombre de propriétaires se sont
insta1lés à des endroits interdits et
parfois dangereux, confie Alain Monteil, un des responsables du service navigation de la Seine.
Il fallait agir. »
Dominique Perben. ministre des Transports, met en ce moment en place une
commission
d'enquête. Objectif: mettre fin au désordre en développant les
zones d'accueil et en améliorant l'arsenal juridique pour lutter
efficacement contre le « squat des berges ».
« Ils peuvent se faire expulser à tout moment »
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« C'était plus qu'attendu, précise Alain
Monteil.
Le droit actuel ne permet pas d'expulser rapidement les péniches.
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Surtout, la gestion des
bateaux-logements, ce n'est pas notre métier
premier. Nos ingénieurs et techniciens sont
spécialisés dans la réhabilitation des ponts et écluses, pas dans le travail de
police. » Un point de vue
partagé par les propriétaires de péniches. « C'est la
désorganisation la plus complète, se plaint Bernard Kuntz.
président de l'association Fauve (Fédération des associations et
usagers de la voie d'eau). Personne ne paye la même chose. » Et pour
cause, squatteuse ou pas, chaque péniche verse une redevance aux VNF
ou au Port autonome de Paris, en fonction du lieu et de ses
équipements. Comptez 730 € pour mouiller au port Champs-Élysées (VIIIe),
450 € au port Saint-bernard (XIIIe) et environ 370 €
à Alfortville (Val-de-Marne).« Les gens dans l'illégalité pensent
qu'en payant cette somme ils sont en règle, insiste Alain Monteil.
Mais c'est faux, ils peuvent se faire expulser à tout moment »La
commission d'enquête se donne
plusieurs mois pour faire des propositions au ministre. Pour autant,
pas question d'augmenter le nombre de places qui devrait osciller
entre 600 et 900. « On ne peut pas satisfaire tout le monde. reconnaît
Alain Monteil, la demande est trop importante. » Pas de
quoi. rassurer les 150 candidats encore sur 1iste d'attente...
AGATHE DE SAINT-DENIS ET VINCENT VÉRIER |
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" Pas question que je
parte"
MICHELINE, propriétaire
d'une péniche à Issy-les-Moulineaux |
:"JE
SUIS FATIGUÉE, VNF veut
me déloger" Micheline habite sur l'eau, à
Issy-les-Moulineaux (Haut de Seine)
depuis 1968. A deux pas du
pont d'Issy, la vieille dame de 82 ans a trouvé un petit coin de
campagne, oasis de verdure en plein centre:.ville;
« Ici il n'y avait rien, se souvient la vieille dame. Avec mon mari,
on a dû faire venir
l'eau et l'électricité. Pendant trente deux ans, personne ne nous
a jamais rien dit. On payait une indemnité d'occupation de 150
€ aux VNF et c'est tout. Mais en 2000 VNF est venu m'annoncer
que mon embarcation |
n'était pas aux normes et que je n'avais
pas le droit de résider sur ces berges. »
Depuis, Micheline a perdu son procès contre
l'État. Condamnée à une amende de 1 500 €, elle est soumise à une
astreinte de 100 € par jour depuis le 17 juin, date à laquelle
elle devait quitter les lieux... «Mais il n'est pas question que je
parte, s'insurge Micheline. Même si habiter sur une péniche n'est
pas tous les jours facile, je n'imagine pas vivre dans un
appartement. J'ai toujours payé, je ne veux pas être expulsée.»
A.S.D. ET Y.Y.
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"Nos commentaires"
A raison de 50m par bateaux,
les 1.200 bateaux occupent moins de 60kms de
berge sur les 3.000 du bassin francilien.
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Si certains élus croient
encore, où veulent croire que les berges suscitent l'intérêt en étant
abandonnées, sans vie, sans bateau mais engazonnées c'est qu'ils ne se
sont jamais promenés le long des voies d'eau. Ont-ils même écoutés petits et
grands manifester intérêts et curiosités pour ces péniches, ces
maisons sur l'eau, cette vie colorée et différente qui égaye la
monotonie du fleuve et ouvre cette part de rêve dont chacun se nourrit ?
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Mais si les communes sont
sollicitées à abandonner leur berges, à investir pour l'aménagement
d'emplacements sous contrôle des décisions des VNF et du PAP, à devoir entretenir les emplacements sans contrepartie,
à assurer la gestion urbaine des permissionnaires sans droit de décision
et que les
redevances vont à ces organismes, les velléités de
développement resteront un marché de dupe et ne pourront prospérer
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