Péniches-logements :
la moitié sont illégales

ENVIRONNEMENT. L'État a décidé de faire la chasse aux bateaux-logements installés sauvagement sur les berges franciliennes.
La moitié des 1 200 résidants risquent aujourd'hui l'expulsion.  

Parisien (Le)
Reportage du 04/09/2005

L A SEINE n'est. plus un long fleuve tranquille pour ceux qui souhaitent y jeter l'ancre. Depuis quelques années, parallèlement à la flambée de l'immobilier, la liste des demandes d'autorisation de mouillage des péniches en Île-de-France explose.
Sur les 3 000 kilomètres de berges du Bassin parisien gérées par Voies navigables de France VNF) et le Port autonome de Paris. (PAP); 1 200 bateaux-logements sont stationnés, dont la moitié illégalement ou ne répondant pas aux normes de sécurité.«Faute d'emplacements, bon nombre de propriétaires se sont insta1lés à des endroits interdits et parfois dangereux, confie Alain Monteil, un des responsables du service navigation de la Seine. Il fallait agir. »
Dominique Perben. ministre des Transports, met en ce moment en place une commission d'enquête. Objectif: mettre fin au désordre en développant les zones d'accueil et en améliorant l'arsenal juridique pour lutter efficacement contre le « squat des berges ».

« Ils peuvent se faire expulser à tout moment »
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« C'était plus qu'attendu, précise Alain Monteil. Le droit actuel ne permet pas d'expulser rapidement les péniches.

 Surtout, la gestion des bateaux-logements, ce n'est pas notre métier premier. Nos ingénieurs et techniciens sont spécialisés dans la réhabilitation des ponts et écluses, pas dans le travail de police. » Un point de vue partagé par les propriétaires de péniches. « C'est la désorganisation la plus complète, se plaint Bernard Kuntz. président de l'association Fauve (Fédération des associations et usagers de la voie d'eau). Personne ne paye la même chose. » Et pour cause, squatteuse ou pas, chaque péniche verse une redevance aux VNF ou au Port autonome de Paris, en fonction du lieu et de ses équipements. Comptez 730 € pour mouiller au port Champs-Élysées (VIIIe), 450 € au port Saint-bernard (XIIIe) et environ 370 € à Alfortville (Val-de-Marne).« Les gens dans l'illégalité pensent qu'en payant cette somme ils sont en règle, insiste Alain Monteil. Mais c'est faux, ils peuvent se faire expulser à tout moment »La commission d'enquête se donne plusieurs mois pour faire des propositions au ministre. Pour autant, pas question d'augmenter le nombre de places qui devrait osciller entre 600 et 900. « On ne peut pas satisfaire tout le monde. reconnaît Alain Monteil, la demande est trop importante. » Pas de quoi. rassurer les 150 candidats encore sur 1iste d'attente...

AGATHE DE SAINT-DENIS ET VINCENT VÉRIER

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" Pas question que je parte"
MICHELINE, propriétaire d'une péniche à Issy-les-Moulineaux

:"JE SUIS FATIGUÉE, VNF veut me déloger" Micheline habite sur l'eau, à Issy-les-Moulineaux  (Haut de Seine) depuis 1968. A deux pas du pont d'Issy, la vieille dame de 82 ans a trouvé un petit coin de campagne, oasis de verdure en plein centre:.ville; « Ici il n'y avait rien, se souvient la vieille dame. Avec mon mari, on a dû faire venir l'eau et l'électricité. Pendant trente deux ans, personne ne nous a jamais rien dit. On payait une indemnité d'occupation de 150 € aux VNF et c'est tout. Mais en 2000 VNF est venu m'annoncer que mon embarcation 

 n'était pas aux normes et que je n'avais pas le droit de résider sur ces berges. »

Depuis, Micheline a perdu son procès contre l'État. Condamnée à une amende de 1 500 €, elle est soumise à une astreinte de 100 € par jour depuis le 17 juin, date à la­quelle elle devait quitter les lieux... «Mais il n'est pas question que je parte, s'insurge Micheline. Même si habiter sur une péniche n'est pas tous les jours facile, je n'imagine pas vivre dans un appartement. J'ai toujours payé, je ne veux pas être expulsée.»
                                  A.S.D. ET Y.Y.

"Nos commentaires"

A raison de 50m par bateaux, les 1.200 bateaux occupent moins de 60kms de berge sur les 3.000 du bassin francilien.
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Si certains élus croient encore, où veulent croire que les berges suscitent l'intérêt en étant abandonnées, sans vie, sans bateau mais engazonnées c'est qu'ils ne se sont jamais promenés le long des voies d'eau. Ont-ils même écoutés petits et grands manifester intérêts et curiosités pour ces péniches, ces maisons sur l'eau, cette vie colorée et différente qui égaye la monotonie du fleuve et ouvre cette part de rêve dont chacun se nourrit ?
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Mais si les communes sont sollicitées à abandonner leur berges, à investir pour l'aménagement d'emplacements sous contrôle des décisions des VNF et du PAP, à devoir entretenir les emplacements sans contrepartie, à assurer la gestion urbaine des permissionnaires sans droit de décision et que les redevances vont à ces organismes, les velléités de développement resteront un marché de dupe et ne pourront prospérer

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Habitat : bateau-logement ?

Et si la destination était reconnue ? et que le logement en soit la règle ?

.....le bateau ne serait que son expression

Le logement primerait
                    sur la catégorie...

        L'habitat fluvial
                    sur la précarité

               La loi 
                     sur l'arbitraire

Bernard Kuntz

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